Nutrition For Growth : Montpellier et le Cirad s’engagent pour des systèmes alimentaires sains et durables

ɱ¹Ã©²Ô±ð³¾±ð²Ô³Ù 24 mars 2025
Le Cirad et la Métropole de Montpellier participent du 26 au 28 mars prochains, sur un stand commun, au Village des solutions du sommet Nutrition For Growth (N4G) à Paris. L’occasion de présenter les solutions de production et de consommation durables co-construites et mises en œuvre sur le territoire de Montpellier et dans le monde, des solutions qui transforment nos systèmes alimentaires. Objectif : les rendre plus durables, mais aussi plus résilients, plus inclusifs et meilleurs pour notre santé. Pour atteindre cet objectif, la transition agroécologique est une voie à privilégier.
Assemblée citoyenne de l’alimentation à Montpellier en septembre 2023 © N. Bricas, Cirad
Assemblée citoyenne de l’alimentation à Montpellier en septembre 2023 © N. Bricas, Cirad

Assemblée citoyenne de l’alimentation à Montpellier en septembre 2023 © N. Bricas, Cirad

Près de 3 milliards de personnes dans le monde n’ont pas accès à une alimentation saine. Le retard de croissance affecte 20 % des enfants de moins de 5 ans, et plus d’un tiers de la population mondiale souffre de carences en micronutriments. Le taux d’obésité des adultes ne cesse d’augmenter et atteint 16 % à l’échelle mondiale.  

Dans les pays du Sud, les populations sont désormais confrontées au « triple fardeau » de la malnutrition, qui se définit par la coexistence de la dénutrition, de carences en micronutriments, et de surpoids/obésité. Il faut ajouter aussi les effets sur la santé des contaminations microbiologiques et chimiques (résidus de pesticides, présence de métaux lourds, antibiotiques, plastiques, perturbateurs endocriniens) générés par les systèmes alimentaires et le cercle vicieux que cela engendre avec la malnutrition.

Un consensus est désormais ainsi établi sur la nécessité de transformer les systèmes alimentaires afin d'améliorer la nutrition des populations, en rendant accessibles à tous des aliments sains, diversifiés et riches en micronutriments. Cette transformation doit aussi répondre aux objectifs de durabilité, en privilégiant des modes de production agroécologiques, des filières locales, et des activités économiques rémunératrices, en particulier pour les femmes et les jeunes.

© S. Freguin Gresh, Cirad

Femmes préparant un repas au Nicaragua © S. Freguin Gresh, Cirad

Agir à tous les maillons des systèmes alimentaires avec tous les acteurs

Les scientifiques du Cirad et leurs partenaires préconisent d’agir sur tous les maillons des systèmes alimentaires pour une meilleure nutrition :

La production agricole

Il s'agit de diversifier les systèmes de production, sélectionner des variétés nutritionnellement intéressantes et adaptées aux pratiques agroécologiques, tout en préservant la santé des sols et des écosystèmes.

« En s’appuyant sur l’agrobiodiversité, dans une approche agroécologique, on diversifie les systèmes de production et ainsi la diète alimentaire », précise Arlène Alpha, spécialiste des systèmes alimentaires au Cirad.

« Nous identifions ou développons des variétés de riz dont les grains sont naturellement riches en micronutriments comme le zinc, par des approches participatives impliquant producteurs et consommateurs en Colombie, en Bolivie et à Madagascar », explique Cécile Grenier, chercheuse en amélioration variétale au Cirad et coordinatrice de projets sur la biofortification du riz.

« En parallèle, nous avons travaillé sur les systèmes de production, en combinant fertilisation organique et microorganismes du sol pour enrichir en fer, zinc et vitamine A des variétés de niébé et de patate douce à chair orange au Sénégal et de teff en Éthiopie », ajoute Jean-Michel Médoc, agronome, coordinateur du projet Or4Food.

Sélection variétale et biofortification agronomique sont deux approches possibles de la biofortification, qui vise à produire des aliments enrichis en micronutriments.

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La transformation des aliments

Le Cirad développe des produits et procédés qui optimisent la composition en micronutriments et composés bioactifs des aliments et réduisent les facteurs anti-nutritionnels, tout en respectant les cultures alimentaires des territoires.  

Les régimes alimentaires traditionnels en Afrique, par exemple, peuvent contribuer aux apports nutritionnels avec des associations céréales-légumineuses, comme par exemple le fonio et les haricots, pour un bon équilibre en acides aminés, l’incorporation de feuilles (bred, baobab, gombo…) riches en micronutriments ou des céréales complètes qui apportent fer, calcium, vitamines et fibres. Les aliments fermentés sont également une constante de la consommation (akpan, nunu - du lait fermenté, etc.), ils sont riches en probiotiques bénéfiques pour la santé intestinale.

« Dans le projet FAMA, nous étudions l’impact des aliments traditionnels africains sur le microbiote. En Afrique du Sud, nous constatons que les systèmes alimentaires basés sur l’agroécologie permettent de valoriser des aliments traditionnels africains, tels que des produits fermentés à base de sorgho, dont on souhaite démontrer les effets bénéfiques sur la nutrition et le microbiote humain », étaye Arlène Alpha.

Le a par ailleurs permis de concevoir un aliment céréalier probiotique, qui pourrait agir sur l’insulino-résistance, la dyslipidémie, mais aussi réinstaurer un équilibre du microbiote intestinal.

Enfin, certains procédés de transformation des aliments traditionnels africains ont été modernisés dans le cadre du pour une meilleure sûreté sanitaire des produits tout en respectant leur authenticité.

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Les environnements alimentaires

Agir sur les environnements alimentaires, c'est veiller à rendre disponibles et abordables des aliments sains, en réglementant la publicité sur les produits gras, sucrés, salés, hautement transformés, et en utilisant la fiscalité pour promouvoir des pratiques alimentaires favorables à la santé des consommateurs et de la planète.

Pour orienter les comportements alimentaires, il ne suffit pas d’éduquer, sensibiliser ou informer les consommateurs. Il faut aussi agir sur leurs environnements alimentaires : localisation des commerces, règlementation sanitaire, prix, pression publicitaire, etc. Il s’agit par-là de faciliter l’accès physique et économique à des aliments sûrs, sains, nutritifs et issus de systèmes alimentaires équitables et durables. Construire ces environnements nécessite la participation de tous les acteurs.

Nicolas Bricas
chercheur au Cirad, titulaire de la Chaire UNESCO Alimentations du Monde.

Les trois quarts de la population mondiale, en insécurité alimentaire modérée et sévère, résident dans les villes. Les villes ont donc un rôle primordial pour assurer la sécurité nutritionnelle de leurs habitants.

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La consommation

Agir sur la consommation, c'est utiliser par exemple la restauration collective comme vecteur de pratiques alimentaires saines et durables.

Dans les départements d’outre-mer, mais aussi à Montpellier, le Cirad accompagne les collectivités locales dans leur politique alimentaire pour la restauration collective. Le Cirad suit et évalue depuis 10 ans le projet « Ma cantine autrement » de la ville de Montpellier qui se traduit par une diversité d’actions combinées : produits bio et locaux, repas sans viande, lutte contre le gaspillage, etc.

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Quatre projets avec la Métropole de Montpellier

Quatre projets associent spécifiquement le Cirad et la Métropole de Montpellier :

  •  AfriFOODlinks, un projet de recherche-action, visant à transformer les systèmes alimentaires urbains en Afrique. AfriFOODlinks expérimente 25 actions pilotes sur les environnements alimentaires dans 15 villes africaines.
  • WECCO : Une coopération avec le Conseil Départemental de Rufisque (Sénégal) sur les politiques de restauration scolaire.
  • : les effets des paysages alimentaires sur les styles alimentaires des Montpelliérains. Ce projet de recherche interdisciplinaire, piloté par le Cirad et INRAE et associant la Métropole de Montpellier, a caractérisé les paysages alimentaires et leurs effets sur les comportements. Il a débouché sur la construction d’une politique d’évolution des paysages alimentaires (voir plus bas).
  • : Territoires Alimentaires Solidaires. Solidarité entre habitants de Montpellier et avec ses territoires nourriciers, qui permet d’expérimenter un dispositif de démocratie alimentaire avec un Comité citoyen de l’alimentation gérant une caisse alimentaire commune et un conventionnement de lieux de vente.

Le Cirad a accompagné également les .

La Métropole de Montpellier, une collectivité engagée pour une alimentation saine et accessible  

Convaincue qu’une action publique et partenariale coordonnée en faveur de l’agroécologie et de l’alimentation est une réponse durable et intégrée au maintien de l’économie agricole, à la crise climatique, au déclin de la biodiversité, à la fragilité des ressources en eau et à la précarité alimentaire, Montpellier Méditerranée Métropole porte depuis 10 ans, une labellisée Projet Alimentaire Territorial (PAT).

Les cinq objectifs de la politique agroécologique et alimentaire de la Métropole sont :

1. Façonner un territoire agroécologique

> Exemples : La Métropole et 7 communes se sont engagées dans la création de 2 associations foncières agricoles (AFA) basées sur le volontariat des propriétaires pour mutualiser la gestion des terres non cultivées et faciliter le redéploiement d’activités agroécologiques à vocation nourricière et pastorale.
La ferme urbaine de la Condamine développe quant à elle, un projet de maraîchage biologique diversifié et d’agroforesterie avec commercialisation en circuit court.

2. Structurer un approvisionnement alimentaire durable et résilient

> Exemples : Deux leviers d’action publique permettent aussi d’appuyer les filières territorialisées : le (MIN) et la commande publique pour les cantines scolaires des communes.

3. Permettre à tous d’accéder à une alimentation de qualité et choisie

> Exemples : Soutenir des projets de solidarité alimentaire innovants tels que la création de tiers-lieux alimentaires comme la Maison de l’Alimentation Solidaire ou l’expérimentation d’une (400 expérimentateurs et 50 points de vente conventionnés).

4. Diffuser les savoirs, promouvoir l’innovation et mobiliser les citoyens

> Exemples d’actions mises en œuvre : Manger comme on sème ou encore la .

5. Construire une gouvernance partagée avec l’ensemble des acteurs du système alimentaire territorial

> Exemple : les .

Après avoir accueilli la troisième édition des Assises territoriales de la transition agroécologique et de l'alimentation durable les 2 et 3 décembre derniers à Montpellier, Assises qui ont rassemblé plus de 800 professionnels de tous horizons - société civile, monde agricole, communauté scientifique, acteurs économiques, collectivités - pour dépasser les cloisonnements et favoriser la nécessaire transformation de nos modes de production et de consommation, la Ville et la Métropole de Montpellier se sont mobilisées pour rédiger une tribune.
réalisée à l'initiative des collectivités locales et des réseaux organisateurs des Assises territoriales 2024 de la transition agroécologique et de l'alimentation durable s'adresse au Premier Ministre. Suivie par plus de 65 signataires, elle prône la "nécessité de donner plus de pouvoir aux collectivités territoriales qui sont des moteurs d'innovation, d'expérimentation et de construction démocratique [...] car la transition agroécologique ne pourra réussir sans les territoires."

Aux côtés de ses partenaires scientifiques, la Ville et la Métropole de Montpellier défendent :

  • La nécessité d’une compétence "alimentaire" partagée pour les collectivités pour préserver le foncier agricole et structurer les filières locales,
  • Celle d’un financement pérenne et ambitieux : réorienter les crédits de la PAC vers des pratiques agroécologiques,
  • La mise en œuvre d'une stratégie nationale ambitieuse pour permettre l'accès de tous à une alimentation de qualité,
  • La mobilisation de la commande publique, c'est-à-dire faire de la restauration collective, un levier pour soutenir les circuits courts, le bio et les pratiques durables,
  • Le renforcement du soutien à la filière bio,
  • Le financement massif de démonstrateurs territoriaux pour la transition agroécologique et alimentaire,
  • La co-construction avec la recherche scientifique de démonstrateurs territoriaux dans une approche transversale « Une seule santé ». Décloisonner les défis interdépendants de l’alimentation, de l’environnement et de la santé est en effet l’engagement de la dynamique MEDVALLÉE, ainsi que celle de l’initiative internationale baptisée « Montpellier Process ». Une approche qui a été présentée lors de la COP16 qui s’est tenue au mois d’octobre dernier.

Dans un contexte de changements globaux, les dérèglements climatiques et l’effondrement de la biodiversité entraînent des bouleversements irréversibles de la biosphère. La colère du monde agricole et la précarité alimentaire continuent d’affecter nos territoires, tandis que les problèmes de santé liés à l’alimentation s’amplifient. Pourtant, au cœur de cette tourmente, une dynamique se déploie : celle des acteurs des systèmes alimentaires territoriaux qui, déterminés à trouver des solutions, se mobilisent pour se former, échanger et co-construire un avenir meilleur, aux côtés des collectivités territoriales qui, sources d’expérimentations, sont des leviers incontournables de la transformation soutenable de notre système alimentaire.

Isabelle Touzard
Vice-présidente de Montpellier Méditerranée Métropole, déléguée à la Transition écologique et solidaire, Biodiversité, Énergie, Agroécologie et Alimentation