Les six épisodes de la saison 5 « Quelles agricultures pour demain ? » sont diffusés chaque vendredi à partir du 18 octobre 2024.
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Épisode 1 : Semer la biodiversité
Sortie : 18 octobre
Jusqu’à récemment, l’amélioration des plantes était très orientée vers l’augmentation des rendements. En milieux contrôlés, les programmes de recherche ont développé des variétés à haut rendement boostées aux intrants (révolution verte). Aujourd’hui, on constate un retournement de situation impulsé par les changements globaux. Les contextes climatiques sont de plus en plus imprévisibles, et l’attention portée aux capacités d’adaptation des plantes devient prépondérante par rapport au rendement pur. On revient à des semences paysannes, peut-être moins productives mais plus régulières en termes de production. Ce virage engendre une autre prise de conscience : la nécessité d’impliquer les “utilisateurs finaux” des programmes de sélection variétale et des projets de conservation de la biodiversité cultivée, à savoir les paysans, les transformatrices, les distributeurs et les consommatrices.
Pendant plusieurs décennies, la recherche agronomique s’est attelée à développer des variétés à haut rendement, dans l’objectif d’augmenter la production agricole mondiale. Or, dans de nombreux pays, ces semences dites « améliorées » ne sont presque pas utilisées. En Afrique de l’Ouest par exemple, elles concernent à peine 10 % des surfaces cultivées. Face à cette déconnexion avec les réalités de terrain, les programmes de sélection variétale changent de cap. Au-delà du rendement, d’autres critères, déterminés par les producteurs eux-mêmes, participent désormais au choix des nouvelles variétés.
Épisode 2 : Une terre à vendre
Sortie : 25 octobre
Entre 2000 et 2020, ce sont 33 millions d’hectares de terres agricoles qui ont fait l’objet de transactions à l’échelle internationale. Ces transactions ont atteint leur apogée au début des années 2010. Aujourd’hui, les observatoires fonciers internationaux alertent sur une nouvelle ruée vers l’or brun, avec des acquisitions foncières qui se multiplient dans le secteur agricole et le secteur minier. La recherche a un rôle prépondérant à jouer face à cette nouvelle tendance. Collecte et analyses des données, transparence sur les transactions effectuées, étude des impacts socio-économiques pour les populations locales, revalorisation des droits coutumiers d’accès à la terre… Les réseaux de solidarité qui se construisent à l’international créent des va-et-vient d’informations entre les peuples autochtones et les organisations internationales. Derrière ces questions foncières, l’enjeu pour la recherche est de replacer les terres acquises dans un contexte géographique donné, afin de documenter au mieux les évolutions et d’accompagner les populations vulnérables dans la défense de leurs droits.
Les transactions foncières à l’international ne sont pas une nouveauté. Elles sont en revanche souvent décriées pour leur manque de transparence ou leur caractère injuste envers les populations locales, qui sont rarement consultées avant la vente. Récemment, les observatoires internationaux constatent une nouvelle ruée liée à la demande croissante en minerais pour la transition énergétique, qui s’accompagne d’une opacité croissante des acquisitions de terres. Un contexte qui pousse la recherche à se rapprocher des communautés et à devenir un pont entre le terrain et certaines institutions internationales.
Épisode 3 : Du carbone dans mon champ
Sortie : 1e novembre
L’agriculture a tour à tour été perçue comme une cause, puis une victime du changement climatique. Aujourd’hui, on conçoit aussi le secteur agricole comme une source de solutions, à la fois pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, et pour atténuer leurs impacts. L’une des pistes les plus discutées sur la scène internationale est la capacité de stockage de carbone dans les sols cultivés. De nombreuses certifications ont vu le jour ces dernières années, dont les très connus « crédits carbone », des certifications spécialisés sur une quantité estimée de carbone séquestré sur une surface cultivée donnée. D’autres types de certifications, plus généralistes, labellisent des produits en valorisant des pratiques agricoles durables. Dans cette jungle de standards et d’incitations économiques, la recherche participe à clarifier les coûts et les bénéfices de chaque certification pour les agriculteurs. De récentes études montrent par exemple que les crédits carbone sont inadaptés aux contextes des petites exploitations du Sud.
Actuellement, le GIEC estime que nos systèmes alimentaires représentent un tiers des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale. En parallèle pourtant, l’agriculture est reconnue comme un secteur porteur de solutions face au changement climatique. Ces dernières années, le nombre de certifications de séquestration de carbone dans les sols agricoles a rapidement augmenté. Ces certifications sont en grande partie financées par les marchés carbone internationaux, et sont censées soutenir la transition des exploitations vers des pratiques durables. En pratique, force est de constater qu'elles ne sont très adaptées aux différents contextes agricoles, et en particulier dans les pays du Sud.
Épisode 4 : L’agroécologie est rentable
Sortie : 8 novembre
L’agroécologie est un concept scientifique récent, mais une réalité agronomique ancienne. Ces dernières décennies, la recherche agronomique a permis de mettre en lumière les bénéfices environnementaux et sociaux des pratiques agroécologiques. Malheureusement, ces qualités socio-environnementales restent souvent invisibles lors de la vente. Pour améliorer leur accès aux marchés, des agriculteurs dans plusieurs pays du Sud testent des certifications non marchandes, basées sur des réseaux de solidarité ancrés dans les territoires. Parmi elles : les systèmes participatifs de garantie (SPG). Ces dispositifs coopératifs permettent non seulement la valorisation économique des produits agroécologiques, mais aussi la gestion collective des risques dans des environnements menacés par le changement climatique. La recherche a un rôle important à jouer pour légitimer ces nouvelles certifications.
L’agroécologie est reconnue comme un mode de production sain et durable. Or ces qualités restent souvent invisibles lors de la vente, ce qui obligent certains producteurs à vendre aux prix du marché conventionnel. Dans cette situation, et face aux coûts parfois prohibitifs des certifications marchandes classiques, des agriculteurs s’organisent autour de systèmes participatifs de garantie…
Épisode 5 : Lait local, or blanc
Sortie : 15 novembre
Le pastoralisme, basé sur la mobilité des troupeaux, est une pratique d’élevage répandue dans les régions semi-arides. Parfois, il participe, avec de l’agriculture et de la sylviculture à un véritable système agricole. Longtemps considérées comme inefficaces du point de vue de la production, les activités pastorales souffrent d’un manque de soutien structurel. En Afrique de l’Ouest, par exemple, la production locale de lait ne peut pas faire face sur les marchés urbains aux prix concurrentiels des poudres de lait importées. Des travaux de recherche ont mis en avant les pratiques controversées de certaines entreprises européennes, ainsi que l’appauvrissement nutritionnel de ces poudres par rapport aux produits locaux. La proximité avec les acteurs de terrain et le relai à l’international des données analysées a engendré un changement de politiques au niveau de l’Union européenne.
En Afrique de l’Ouest, la demande en produits laitiers augmente rapidement, et la production de lait local ne suffit pas à y répondre. En parallèle, les importations de poudres lactées en provenance de l’Union européenne affluent sur les marchés ouest-africains. Entre l’Europe et l’Afrique, le lait est un enjeu économique qui pose des questions de transparence, de développement rural et de politiques industrielles.
Épisode 6 : Nos santés
Sortie : 22 novembre
One Health, ou Une seule santé, est à la fois un concept scientifique et une méthode. Théorisée depuis plus de vingt ans, cette approche met en évidence les liens entre santé humaine, santé animale et santé des écosystèmes. Malgré un consensus scientifique évident, la prise de conscience politique n’a pu se faire qu’au prix d’une pandémie. Depuis la covid-19, les initiatives internationales se multiplient pour mettre en pratique l’approche One Health. PREZODE en est un exemple probant. En essayant de construire des réseaux de détection précoce des émergences épidémiques, l’initiative espère éviter la prochaine pandémie. En Asie, des systèmes de surveillance communautaire se mettent en place et se relient à des réseaux internationaux.
Malgré la tragédie, la pandémie de covid-19 a permis aux scientifiques d’être entendus. Le concept One Health, ou Une seule santé, bénéficie désormais de l’oreille des politiques et d’un meilleur appui financier. Un peu partout dans le monde, des systèmes de surveillance communautaire se mettent en place pour permettre aux populations de réagir rapidement face aux émergences épidémiques.
Nourrir le vivant, le podcast du Cirad
La population mondiale devrait atteindre dix milliards de personnes en 2050, faisant bondir la demande en produits agricoles. Or, nos approches conventionnelles de la production et de la consommation ne permettent pas de répondre durablement à cette augmentation. Entre pollution, perte de biodiversité, réchauffement climatique… comment ne pas scier la branche sur laquelle nous sommes assis ? Ce défi, colossal, nous impose de changer radicalement notre rapport au vivant. À travers son podcast Nourrir le vivant, le Cirad vous emmène à la découverte de territoires et populations qui réinventent leur agriculture. Accompagnés de scientifiques, agricultrices, formateurs, étudiantes, éleveurs découvrent la force de transformation des systèmes agricoles, de la production alimentaire à l’emploi, en passant par la santé des écosystèmes.