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- Propagation de la maladie du manioc en Amazonie
Près de 25 institutions soudées pour prévenir l’impact et la propagation de la maladie du manioc en Amazonie

Participants et participantes de l’atelier Impress, du 25 au 27 mars 2024 à Belém, Pará © Enora Le Calvé, Cirad
Propagation de la maladie du balai de sorcière : vers une crise alimentaire et économique de la région amazonienne ?
En 2024, l’identification du champignon Ceratobasidium (Rhizoctonia) theobromae est confirmée en Guyane par le Laboratoire de la santé des végétaux, de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) et dans l’État de l’Amapá au Brésil par le Laboratoire fédéral de surveillance agricole de Goiána (Etat du Goias) du Ministère de l’agriculture (LFDA/GO).
Depuis 2 ans, cette maladie est à l’origine de pertes de production du manioc dans les systèmes agricoles des populations des deux pays et sujet de grandes inquiétudes. Sa présence en Amazonie pourrait menacer la souveraineté alimentaire des populations de la région et la viabilité économique des exploitations agricoles reposant sur cette culture. « La plantation du manioc n'est pas seulement une source de nourriture, c'est aussi une source de culture, de tradition et de revenus. » a déclaré Edmilson dos Santos Oliveira, du Conseil des caciques des peuples amérindiens de l’Oiapoque (CCPIO) lors de la cérémonie d’ouverture du workshop. Le constat est partagé par Silvio Van der Pilj, président du Grand conseil coutumier des peuples amérindiens et Bushinengue de Guyane (), et son vice-président le capitaine Bruno Apouyou, lors de leurs interventions respectives.
Silvio Van der Pilj, président du Grand conseil coutumier des peuples amérindiens et Bushinengue de Guyane (GCCPABG) et Edmilson dos Santos Oliveira, du Conseil des caciques des peuples amérindiens de l’Oiapoque (CCPIO) lors de la cérémonie d’ouverture de l’événement, Belém, Pará © Ronaldo Macedo da Rosa, Embrapa
Coopération scientifique transnationale : unir nos forces pour prévenir l'impact et la propagation de la maladie du manioc
Dès 2023, l’Embrapa et le Cirad réalisent en parallèle mais en concertation des travaux de recherche sur ce champignon pathogène et sur les méthodes agroécologiques de gestion et de contrôle des maladies du manioc de part et d’autre de la frontière. En septembre 2024, les deux institutions ont signé une lettre d’intention de collaboration à l’occasion de la 53ème Foire Expo de Macapá (Amapá). L’organisation du workshop tenu à Belém du 24 au 27 mars est une nouvelle étape de cette coopération scientifique transfrontalière, qui souhaite s’ouvrir aux pays voisins.
Cet atelier a réuni plus d’une soixantaine de participants, représentants du Brésil et de la Guyane
- Des institutions de recherche et des universités: L’Etablissement brésilien de recherche sur l’agriculture et l’élevage (Embrapa), l’Université fédérale de l’ouest du Pará (UFOPA), l’Institut national de recherches amazoniennes (INPA), l’Université de Campinas (UNICAMP), la Commission exécutive de la planification de la culture du cacao (CEPLAC), l’Institut de recherches scientifiques et techniques de l’Etat de l’Amapá (IEPA), l’Université fédérale du Cariri (UFCA), le Centre international d’agriculture tropicale (CIAT), l’Institut de recherche pour le développement (IRD), le Centre de coopération international en recherche agronomique pour le développement (Cirad) ;
- Des représentants des populations : le Conseil des caciques des peuples amérindiens d’Oiapoque (CCPIO), le Conseil national des extractivistes (CNS), la Coordination nationale d’articulation des communautés noires rurales Quilombolas (CONAq), le Réseau d’économie solidaire Bragantina, le Grand conseil coutumier des populations amérindiennes et Bushinenges de Guyane (GCCPABG) ; Association des agriculteurs des savanes (ADAS)
- Des ministères et des administrations publiques : Ministère de l’agriculture et de l’élevage (MAPA), Ministère du développement agraire (MDA), Ministère de l’environnement (MMA), Secrétariat à l’agriculture de la commune d’Oiapoque, Service brésilien d’appui aux très petites et petites entreprise (SEBRAE), Service de gestion environnementale et territoriale de la Fondation nationale des peuples amérindiens (SEGAT-FUNAI), Direction de l’alimentation de l'agriculture et de la forêt de la Guyane (DAAF Guyane), Collectivité territoriale de Guyane (CTG), Mission interministérielle des populations amérindiennes et Bushinengue (MIPAB), Parc amazonien de Guyane (PAG)
- Une entreprise du secteur privé : Algar Farming ;
- Des Organisations non gouvernementales et Organismes d’appui au développement agricole : Institut de développement rural de l’Etat de l’Amapá (RURAP-AP), Institut de recherche et de formation amérindienne (IEPÊ), Groupement pour le renforcement des organisations professionnelles agricoles (GERHOPA) de Guyane ;
- Des services et réseaux de surveillance sanitaire : Agence de surveillance et d’inspections de l’agriculture de l’Etat de l’Amapá (DIAGRO), Agence de surveillance de l’agriculture de l’Etat du Pará (ADEPARA), Service de l’alimentation - Direction générale des territoires et de la mer (SALIM – DGTM), Fédérations régionales de lutte et de défense contre les organismes nuisibles (FREDON) :
- Le Bureau Amérique Latine et Caraïbes de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Etats des lieux, prospective et stratégie de lutte dans la région amazonienne
Les rencontres ont été animées dans le cadre d’un séminaire, accueilli au siège de la Fédération de l’agriculture et l’élevage du Pará (FAEPA) pour dresser l’état des lieux des recherches et actions en cours, avec trois tables rondes :
- Table ronde 1 : Les retours d’expériences de vie avec le manioc et avec la maladie sur le terrain.
- Table ronde 2 : Soutien des institutions et mesures pour l'urgence et l’émergence sanitaire du manioc.
- Table ronde 3 : Recherche et coopération pour prévenir les conséquences de la maladie et accompagner les acteurs de terrain.
Les journées du 25, 26 et 27 mars se sont déroulées au centre de l’Embrapa Amazonie Orientale (CPATU) de Belém et ont été consacrées à l’atelier de réflexion stratégique dans la région amazonienne pour gérer l'impact et la propagation de la maladie du manioc et anticiper la transmission à d'autres régions et espèces, en tenant compte de la souveraineté alimentaire et de la conservation du patrimoine bio culturel de la région.
Cet atelier a suivi la méthodologie Impacts de la recherche dans les pays du sud (ImpresS) Ex ante, développée par le Cirad, qui est une démarche systémique et participative pour co-construire des chemins d'impacts et planifier ainsi des interventions de recherche pour le développement. Durant 3 jours, les participants ont formulé la vision commune d’un futur souhaitable et défini les chemins possibles pour l’atteindre.
Présentation de la démarche ImpresS © Ronaldo Macedo da Rosa, Embrapa
Les participants ont ainsi travaillé ensemble à dessiner les contours d’un futur projet de recherche en partenariat dans la région, qui pourra être soumis pour financement aux bailleurs de fonds. Les thématiques prioritaires qui ont émergées sont la question de la conservation de la richesse/diversité des maniocs amazoniens, des savoirs et des droits des peuples; la question de la surveillance et de la gestion des risques de diffusion de la maladie par des outils innovants et par la formation des parties prenantes ; une approche système sur l’intégration des pratiques culturales, alimentaires, sociales, administratives et réglementaires liant maniocs et systèmes alimentaires amazoniens ; des actions de communication technique et règlementaire à l’échelle régionale.
Le workshop a été réalisé dans le cadre de deux projets, le projet DECODE, financé par le Ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire (DGAL-MASA) et le projet Fonds Equipe France action en Amazonie autour du changement climatique et de ses impacts (FEFACCION), financé par le Ministère de l’Europe et des affaires étrangères (MEAE).