Pour une réduction de l’usage des pesticides en cacaoculture en Côte d’Ivoire

Participants à l'atelier PRETAG sur la cacaoculture en Côte d'Ivoire - © Pretag, Cirad
La Côte d'Ivoire est confrontée à des défis majeurs en matière d'utilisation des pesticides dans sa filière cacao, avec une dépendance excessive aux pesticides chimiques présentant des risques pour l'environnement, la santé des travailleurs agricoles et des consommateurs, ainsi que pour la durabilité à long terme de la filière cacao. Pour garantir la durabilité de la filière cacao et répondre aux exigences croissantes en matière de sécurité alimentaire et de protection de l'environnement, il est impératif de promouvoir des alternatives durables et de réduire l'usage des pesticides de synthèse, d'où le lancement par le ÈȲ©ÌåÓý du projet PRETAG (Projet de Réduction de l'Usage des Pesticides en Agriculture Tropicale).
Le premier jour a été consacré à un état des lieux de la question, avec des présentations sur l’utilisation de pesticides dans la filière cacao en côte d’Ivoire, les maladies et bioagresseurs principaux, les avancées et contraintes concernant l’utilisation de biopesticides et les pesticides obsolètes. Par la suite, ont été présentées les aspects de politique publique et de règlementation nationale, ainsi que les règlementations des pays importateurs de cacao, en particulier l’Union Européenne. Enfin un tour d’horizon de différentes expériences alternatives concernant les pratiques de cacaoculture a terminé l’état des lieux.
Une réflexion sur les impacts de long terme auxquels les différents acteurs souhaitent contribuer à travers la réduction des pesticides a permis de construire en début de 2ème jour de l’atelier une vision commune du futur à l’horizon 2040 :
En 2040, la Côte d’Ivoire rayonnera grâce à son cacao « vert » et de qualité.
- La réduction de l’utilisation des pesticides de synthèse dans la culture de cacao, dans l’optique de préserver la santé humaine (du planteur au consommateur) et l’environnement, sera possible grâce au développement de méthodes de lutte intégrée (variétés résistantes, itinéraires techniques adaptés et régionalisés, développement de pesticides à actions plus ciblées et moins toxiques, développement de biopesticides). Les techniques de restauration des sols et du couvert végétal seront encouragées, la biodiversité dans les cacaoyères sera préservée.
- La culture du cacao restera basée sur l’agriculture familiale ; les superficies de cacaoyères n’augmenteront pas mais la productivité et la qualité seront améliorées. Le producteur (et la main d’œuvre) de cacao ivoirien sera bien rémunéré, aura une qualité de vie et des conditions de travail satisfaisantes.
- La transformation du cacao se fera davantage au niveau national.
Par la suite, des travaux en groupe ont permis d’analyser la problématique de réduction des pesticides dans la filière cacao sous 3 angles : les aspects économiques et de filière, les aspects techniques et environnementaux, et les aspects politiques et sociaux. Les contraintes et opportunités analysées ont permis d’identifier les acteurs impliqués et les plus à même d’influencer ces problématiques. C’est donc par les acteurs qu’a alors débuté un travail de « cartographie des changements souhaitables » qui, à travers des travaux de groupes et des rotations entre les groupes de type « world café », a conduit à la construction collective d’un chemin d’impact sur la réduction des pesticides dans la filière cacao de Côte d’Ivoire.
En fin d’atelier, chaque organisation participante a présenté la manière dont elle voyait son rôle possible dans le cadre d’un projet autour de cette théorie du changement, en insistant sur les champs d’action qu’elle aimerait investir en collaboration avec les autres acteurs de la filière. Ce tour de table final a confirmé l’intérêt des acteurs présents pour travailler ensemble à une réduction des pesticides dans la cacaoculture.